Jour 8
Ce jour fut une journée d’acclimatation. Nous sommes restés au même endroit qu’hier et n’avons fait qu’une petite balade de 2h le matin pour admirer un lac au pied des glaciers et bordé de yaks avec une magnifique vue sur le Manaslu. Sur la route, nous avons également visité un monastère bouddhiste.
Cette journée d’acclimatation a pour but de nous habituer à l’altitude. En effet, à 3.500m d’altitude peut commencer à survenir le mal des montagnes, ce mal qui se manifeste par des maux de têtes (parfois violents), des difficultés à respirer, de grandes fatigues physiques, des troubles du sommeil…tout ça pouvant aller jusqu’à l’embolie pulmonaire, parfois la mort. C’est pourquoi la meilleure façon de l’éviter c’est de s’acclimater à la raréfaction de l’oxygène dans l’air. Ce mal peut prendre n’importe qui, n’importe quand, même aux plus sportifs. Cependant, les personnes habituées à vivre en altitude en souffrent moins.
En fin de matinée, nous faisons un tour du village pour observer les spécificités de la vie tibétaine.
On a passé l’après midi à combattre le froid du fond du sac de couchage, tout habillés. Il fait 0°C dehors, et pareil dans la chambre. Malgré toutes nos épaisseurs, nous ressentons le froid nous mordre les orteils et remonter dans tout le corps ; rien n’y fait, nous n’arrivons pas à nous réchauffer, malgré plusieurs litres de thé. Mais on a survécu et les jours suivants risques d’être pires car plus en altitude…
Jour 9
Le froid de la veille ne nous a pas quitté de la nuit, et a même porté ses fruits : Biket a été malade une bonne partie de la nuit… et pas à cause de l’altitude. La nuit a donc été courte.
Heureusement, cette journée de marche est courte (2h30). En arrivant à Samdo (3.850 m), on voit qu’il fait un peu plus froid : il y a un peu de neige par terre. Après un repas réparateur (riz oblige) nous allons nous promener dans le village et les montagnes aux alentours pour monter un peu en altitude : il est conseillé de ne pas dormir à l’altitude la plus haute atteinte dans la journée. Nous montons donc à 4.100m. Heureusement, il faisait un super temps, un grand soleil, et donc pas trop froid. Mais une fois le soleil disparu derrière les montagnes, vers 15-16h, c’est une autre paire de manches, les températures dégringolantes et le vent glacial ont raison de nous, on est gelés.
Cette promenade d’acclimatation nous a offert un super point de vue, le village est situé sur un petit plateau au milieu du croisement de 4 vallées : splendide !!
Dans l’après midi, Pemba ayant pitié de nous, nous convie dans la cuisine, avec le poêle à bois. C’est aussi le repaire de tous les guides et porteurs. Pemba nous offre sa boisson favorite : un grog au rhum. En dégustant, cette boisson réchauffante, nous observons les 3 cuisinières s’afférer à préparer toutes sortes de plats dans cet environnement réduit et bondé : elles sont impressionnantes de savoir-faire et d’organisation.
Jour 10
Au réveil, nous avons la joie de découvrir qu’il avait neigé durant la nuit, le sol et les montagnes sont recouverts d’un léger manteau blanc. Cette joie fut de courte durée quand nous avons vu que le ciel était couvert, que le soleil était très timide et que nous allions devoir marcher dans le froid.
3h de marche nous séparent de notre prochaine destination, Darhamsalla, située à 4.450m. Une légère chute de neige nous accompagne tout au long du parcours. A notre arrivée, Pemba nous dit que toutes les chambres sont prises et que nous allions devoir dormir en tente. Nous étions un peu déçus, mais après avoir vu les chambres, nous nous sommes réjouis de notre tente. Surtout qu’une tente étant un espace plus confiné, on devrait avoir moins froid.
Après le déjeuner, nous entreprenons une petite marche d’acclimatation et grimpons un peu plus haut (4.650 m). Les montagnes et la vallée sont magnifiques. Les chutes de neige commençant à forcir, nous redescendons nous mettre à l’abri dans la tente.
Après quelques heures à lire, nous ne regrettons pas ce type de logement : nous avons moins froid que dans les chambres des dernières nuits (il faisait -3°C la nuit dernière dans la chambre). Quand on est sortis de la tente, on s’est rendu compte qu’il avait neigé un peu plus ; le léger manteau blanc s’était épaissi.
La nuit tombée, nous allons jusqu’à la salle de repas pour dîner ; éclairés à la frontale, on n’y voyait pas à plus de 5m, les flocons formant comme une barrière à la lumière. Ce n’est pas de bon augure puisque demain nous attaquons la plus difficile avec le franchissement du col « Larke Pass », point culminant du trek. La marche étant longue, et le col étant soufflé de vents violents à partir de 10h, nous attaquerons cette journée à 4h du matin, soit à la frontale. Espérons que la neige se soit calmée d’ici là.
Jour 11
Qu’il fut difficile de sortir du sac de couchage à 3h30 même si on a dormi tout habillés; il faisait -9°C dans la tente. Mais une fois le nez mis dehors, le ciel étoilé sans aucun nuage nous a réchauffé le cœur. Nous allions marcher de nuit, mais une fois le soleil levé, la journée devrait être belle.
Après un petit déjeuner copieux (riz et pâtes), nous allumons la frontale et grimpons dans la montagne, sur un sentier recouvert de neige. Vers 6h, le soleil s’est levé au dessus des montagnes et nous a réchauffé d’un coup. En effet, la marche de nuit dans la neige était frigorifiante, surtout qu’on s’approchait petit à petit des 5.000m. Le ciel étoilé prometteur a été confirmé par un ciel bleu sans aucun nuage, la plus belle journée depuis le début du trek.
Après 3h nous atteignons le Larke Pass, à 5.135m. La vue était splendide, tout autour de nous des sommets élevés et enneigés. Malgré l’altitude, nous n’avons ressenti aucun effet du mal des montagnes, hormis un essoufflement venant un petit peu plus rapidement, et encore.
Après quelques photos au sommet, nous attaquons la descente. La neige atteignant parfois 50-60 cm quand on s’écartait du sentier, il nous arrivait de nous enfoncer jusqu’au genoux. Sur la pente, la neige était moins épaisse, mais très tassée et verglacée. Le versant étant aussi pentu qu’une piste de ski, on est tombés de nombreuses fois, heureusement sans gravité. Et nous n’étions pas les seuls, les porteurs, alourdis par leurs portages de 25-30kg et mis en difficulté par leurs chaussures inadaptées faisaient eux aussi de nombreuses chutes.
En descendant, on a pu apercevoir d’autres sommets tels que l’Annapurna IV. Lors d’une pause, on a soudain entendu un gros bruit sourd : c’était une grosse avalanche sur un sommet non loin de nous.
Après 4h de descente, on arrive enfin au village de Bimthang, situé au fond de la vallée d’où on avait un superbe point de vue sur l’autre face du Mont Manaslu : une des plus belle vue de ce mont que nous ayons eue jusqu’à maintenant. Après le déjeuner, on a voulu regarder les photos, et là ce fut le drame : l’altitude ou le froid on eu raison de la carte mémoire de l’appareil de Bikette… toutes les photos des 2 derniers jours avaient été effacées (on vous rassure tout de suite, on a finalement réussi à les récupérer à l’aide d’une super logiciel, ouf !).
Jour 12
Le réveil fut une fois de plus glacial (-7°C dans la chambre), mais le soleil nous arrosait déjà de ses rayons. Durant nos 6h de descente, nous avons traversé des forêts et longé le torrent d’eau glaciaire.
La végétation plus abondante indiquait que nous redescendions en altitude. Les vues à travers les arbres nous donnaient un dernier spectacle sur les monts enneigés.
A l’arrivée dans le village de Tilije, nous assistons à une scène effroyable pour nous : 2 népalais étaient en train d’égorger une biquette…pauvre biquette.
Un peu plus tard, nous avons pris une douche chaude… ça faisait tellement longtemps, quel bonheur !!
Jour 13
Ca faisait un sacré bout de temps qu’on n’avait pas eu froid la nuit, même si au réveil le thermomètre affichait 2,5°C (dans la chambre), c’était quand même agréable.
Et après, 7h de descente… putain qu’est ce que c’est long, c’est chiant la descente, y’a rien de pire.
Le midi, on s’est arrêtés dans un village où comme dans tout le Népal ce jour, il y avait un festival hindouiste, le « Tihar ». Pemba, qui connaissait bien la personne chez qui on s’est arrêtés nous a fait participer aux festivités : on nous a maquillés le front de point multicolores, des fleurs au dessus des oreilles et on nous a donné une assiette d’offrandes accompagnées d’un grand verre de rakshi (vin local fait à base de millet, à environ 20°).
Nous avons ensuite repris la longue descente où nous croisons beaucoup de monde : depuis le tout début de la matinée nous avons rejoint le parcours du tour des Annapurnas, trek ô combien populaire. La foultitude de marcheurs croisés sur le chemin nous a confirmé que nous avons bien fait d’opter pour le tour du Manaslu où nous croisions en moyenne une petite dizaine de marcheurs par jour. C’est quand même dommage de faire un trek en montagne et de se retrouver à marcher sur une autoroute.
Le soir, on a discuté longuement avec Pemba, qui malgré sa timidité s’avère quelqu’un de très intéressant. Au cours de la discussion, on a réussi à lui extorquer son palmarès d’alpinisme :
– Everest (8.848m) : 4 fois ;
– Kangchenjunga (8.586m) : 1 (pas jusqu’au sommet, un des touristes était malade)
– Lhotse (8.516m) : 2 fois ;
– Makalu (8.481m) : 1 fois ;
– Ama Daplan (6.812m) : 1 fois ;
– Mera Peak (6.476m) : 7 fois ;
– Hi Om Peak (6.235m) : 11 fois ;
– Tuli Wess (6.225m) : 1 fois ;
– Pisang Peak (6.090m) : 2 fois
Compte tenu de son âge (30 ans), il ne doit pas y avoir beaucoup de guides qui pourraient se targuer d’avoir grimpé autant de sommets.
Jour 14
Encore 7h de descente… c’est vraiment chiant la descente ; en plus là c’est sur une piste où il y a des 4×4 et des motos. Fini la quiétude des montagnes, mais la vue est quand même magnifique!
Ayant bien marché durant le trek, on a gagné un jour sur l’itinéraire et avons fini 1j plus tôt.
Arrivés à la première ville en début d’après midi, Pemba nous annonce qu’il nous reste 2h30 pour marcher jusqu’à notre destination finale, il nous propose de prendre un bus pour le dernier tronçon. Vu la piste que nous empruntions depuis la veille, où on peut dire qu’on marche vraiment pour marcher, on a décidé de suivre son conseil et de prendre le bus. On sait pas si c’était la meilleure idée…ce trajet devait prendre 1h, mais au final on a dû arriver à destination environ 2h30 plus tard, soit le même temps qu’à pieds.
Déjà il fallu trouver une place dans le bus. Pemba a négocié pour qu’on ait une place assise à l’intérieur. Au bout de 5min de route, on passe devant un chantier de construction d’un tunnel ; des militaires nous arrêtent en nous disant qu’une explosion était imminente et que nous devions reculer : le bus recule et environ 45min après on entend une énorme explosion qui fait vibrer toute la montagne… quelques minutes plus tard on peu repartir.
Mais le pire dans ce trajet a été la place, puisqu’il faut le dire les népalais on réinventé le nombre de places dans un bus. Dans un bus d’environ 20 places assises, nous étions pas loin de 70 personnes (assis, debouts, sur le toit, accrochés aux montants à l’extérieur), bref on était un peu surchargés et c’est un euphémisme. Le pire c’est que le bus continuait à s’arrêter pour prendre d’autres passagers… pas de petit profit.
Enfin on sort du bus et on va à notre homestay, il fait bon, ça faisait tellement longtemps. Pour fêter la fin du trek, on a décidé de boire des bières avec Pemba.
Jour 15
Le dernier jour, le réveil fut un peu difficile à cause des bières ingurgitées la veille au soir avec Pemba
A 7h30, notre bus nous attend, direction Pokhara. Avant de monter dans le bus, Pemba nous fait un cadeau : une écharpe bouddhiste qu’il nous met autour du cou en nous serrant dans ses bras pour nous dire au revoir…mais nous avons déjà pris rendez-vous avec lui à notre retour à Kathmandu où il nous accueillera chez lui pour déguster un Dal Bhat et une bière maison préparée par sa mère.
Conclusion
Cela a été une belle expérience, notre premier long trek, on espère en faire d’autres lors de notre tour du monde ! Nous avons traversé des villages très typiques et vu des paysages grandioses. Nous y avons rencontré des gens adorables, malgré leur condition de vie vraiment pas facile.
Le plus dur a été pour nous le froid, très saisissant. Nous conseillons sans hésitation ce trek, encore très préservé avant qu’il n’ y ait trop de monde, ce qui devrait être le cas vu le nombre de lodges en construction tout au long du trajet.
Quel beau recit! Vous savez tres bien nous le faire partager. D ailleurs rien que de vous imaginer marcher pres du vite j en ai le vertige!
Pas mal la petite phrase a la Chuck Norris dans la premiere partie 😉
Sinon comme d hab les photos sont fantastiques.
Gros bisous
Quel beau moment que je viens de passer en lisant votre aventure et voir ces magnifiques photos.
Vous êtes des pros en tout. Nous compatissons à vos anectotes : tong – montre – bebette. Attention à vous quand même.
Bravo pour votre premier long trek et j’espère que vous en ferez d’autres.
Gros bisous et au prochain épisode. Pour moi c’est devenu une drogue de vous suivre.
Claude et Michel
On voit le bonheur sur le visage d’Ondine ! Bravo ! Au plaisir de vous suivre.
K
Merci à tous pour vos commentaires ! Bises
Je n’ai qu’un mot: fabuleux!..
Le froid apporte un plus important à l’aventure. Plus tard lorsque vous vous rappelerer de ce trek, il sera un élément fort de cet exploit!
Je vous souhaite plein de magnifiques souvenirs comme celui là.
Superbe reportage !
Vos photos sont magnifiques, le récit palpitant, et bravo pour votre perf en altitude.
Ondine, au retour je t’inscris sur un marathon !
Grandiose les bikets, récit magnifique, photos superbes… et puis félicitations… continuez à nous faire rêver. De grosses bises.
oui je sais je mets le temps, mais je ne peux pas charger votre blog sur mon ipad… Trop lourd 🙂
En tout cas de lire tout ça ça me rappelle mon trek au Népal, mais j’avais fait le tour des Annapurnas, et l’horreur du froid ! Je me souviens de cette impossibilité de se réchauffer plusieurs jours de suite !! éprouvant ! c’est depuis ce moment que je suis frileuse…
En tout cas merci pour ce récit 🙂
gros bisous
Impressionnant!! Comme quoi, le corps humain est bien plus résistent qu’on ne le pense, même si le mental joue probablement beaucoup…