Après une petite heure de route depuis Aqaba, nous arrivons au visitor center du Wadi Rum. Nous nous y arrêtons et rencontrons Atayek, notre guide que nous avions réservé via son site internet avant de partir (https://bedouinfamilycamp.wordpress.com) ; nous avions eu l’occasion d’échanger pas mal par email pour mettre au point ces 3 jours dans le désert.
Il nous emmène chez lui pour nous offrir une tasse de thé et faire un peu plus connaissance. On est ensuite allés faire une petite grimpette dans la montagne à côté du village, le temps qu’Atayek aille faire les courses pour ces 3 jours.
On le retrouve en bas et nous voilà partis pour 3 jours de déserts en 4*4 et à pieds. A volant de gros Toyota Land Cruiser, nous commençons à arpenter les pistes sableuses. Le désert du Wadi Rum est principalement connu puisqu’il est lié à Lawrence D’Arabie : il y serait passé et y aurait séjourné pendant un certain temps. Les Jordaniens lui ont d’ailleurs rendu hommage en baptisant plusieurs sites à son nom : Lawrence Spring, Lawrence House…
Mais outre la renommée liée à cet illustre personnage de la première moitié du XXème siècle, le Wadi Rum attire aujourd’hui de nombreux touristes pour la beauté de ses paysages. Et oui, puisque c’est effectivement un désert, de 700km2 environ, mais pas une simple étendue plate de sable avec des dunes par ci par là. Non, le Wadi Rum est un ensemble de nombreuses montagnes / formations rocheuses aux formes et aux couleurs exceptionnelles, le tout entouré de dunes de sable aux couleurs passant du blanc, au rouge, en passant par le jaune, l’orangé, le rose…
On ne savait plus où donner de la tête, et on était complètement perdus, on avait l’impression de tourner en rond. Heureusement qu’Atayek, bédouin pur souche, a toujours vécu dans le désert et le connaît comme sa poche ; c’est rassurant parce qu’autant dire qu’on n’aurait pas voulu s’y perdre.
On a passé la première journée à rouler dans le désert en s’arrêtant à de nombreuses reprises pour prendre des photos, escalader des montagnes, faire des petites rando dans le fond de canyons : Atayek nous déposait à un bout du canyon et nous récupérait à l’autre bout, ce qui fait qu’on n’avait pas à faire 2 fois le même chemin, et donc d’optimiser le temps.
Le premier soir, nous avions demandé à Atayek de dormir chez des bédouins pour se familiariser avec le mode de vie dans un environnement aussi hostile qu’un désert aride où l’eau est très rare. Nous avions évidemment entendu parler de l’hospitalité bédouine, mais nous ne l’avions jamais côtoyée. C’est chose faite, et de belle manière. Et oui, cette réputation n’est pas usurpée, car dès notre arrivée on nous sert le thé, on fait l’échange des cadeaux : Atayek nous avait demandé de ramener quelques objets utiles (lampe, cordes, Opinel…) afin de les remercier de nous accueillir chez eux pour la nuit et pour le repas. On est ensuite sortis de la tente (les bédouins vivent dans de grandes tentes) pour aller jouer avec les enfants et faire un peu le tour du troupeau de chèvres et chameaux.
On a passé la soirée autour du feu à les écouter raconter des histoires (on ne comprenait rien, c’était en arabe) ou jouer de la musique avec un instrument en peau de bikette. Le repas était également très typique : on mangeait avec les doigts du riz croquant (non pas parce qu’il n’était pas assez cuit, mais désert oblige, il y avait plein de sable dedans, ce qui donnait une saveur, ou plutôt une texture tout à fait surprenante et particulière).
On a dormi dans la tente, à même le sable ; qu’est ce que c’est confortable, un matelas en sable. Au matin, on est réveillés aux aurores et on commence la journée par un petit déjeuner typique des bédouins : du pain (galette) avec du beurre de lait de chèvre. C’est un peu particulier, on n’en n’avait jamais mangé, ça sent bien la bikette et c’est assez fort, mais pas mauvais. Après, un des fils est allé traire une chamelle et en a apporté le lait : on en a bu un peut tout seul, et ensuit avec le thé. C’est pas mauvais comme lait, mais on sent que ça doit être riche et consistant ; Bikette n’a pas osé tester de peur de renouveler une mauvaise expérience chez les Kazakhs en Mongolie : on avait mangé un breuvage de laits (jument, brebis, chèvre, yak) fermentés qui nous avait retourné le bide ; on n’avait jamais été aussi malades l’un comme l’autre. Le pire c’est que c’était super bon, mais même les mongols qui étaient avec nous étaient malades… ça veut bien dire ce que ça veut dire. Alors qu’ici, dans le Wadi Rum, tout s’est très bien passé au niveau digestion, il faut dire que le lait venait d’être trait 2min plus tôt.
Après ça on est repartis pour une journée de marche et de 4*4. On a traversé pas mal de canyons à pieds, on a grimpé plusieurs sommets, on a pu voir plusieurs arches, toujours dans un cadre aussi merveilleux et intimiste : on n’a vu aucun touriste pendant ces 3 jours.
Le soir, on avait demandé à dormi au milieu du désert, à la belle étoile. Pas de problème, tout ce qu’on avait demandé à Atayek avant de partir se concrétisait à la perfection. On a donc trouvé l’endroit où dormir, on a ramassé du bois pour le feu (tout ce qu’on a cuisiné pendant ces 3 jours était fait au feu de bois) : ce qui est assez difficile puisque les arbres ne sont pas nombreux dans le désert, même inexistants. On se rabat donc sur des racines de petits arbustes du désert dont le bois est très sec et a la particularité de brûler pendant longtemps. On était donc parés pour passer une soirée auprès du feu en buvant l’excellent thé d’Atayek : du thé noir avec des feuilles de sauges, un vrai régal. L’endroit qu’il nous avait trouvé était sensé être un très bon spot pour un coucher de soleil. Malheureusement, le temps s’est couvert dans l’après midi et nous n’avons eu droit qu’à une diminution constant de la luminosité jusqu’à arriver au noir complet, sans même qu’on n’ait eu le temps de voir un soupçon de coucher de soleil… c’est balot, mais tant pis on n’y pouvait rien.
Durant la soirée autour du feu, Atayek nous a appris plein de choses sur les bédouins, leurs modes de vie, sur l’islam… notamment il nous disait que, comme une très grande majorité de musulmans, il était tout à fait contre ce qui se passait aujourd’hui dans les pays voisins de la Jordanie et partout dans le monde, et qu’en aucun cas il était écrit dans le Coran que les musulmans pouvaient tuer pour des raisons invoquées par les terroristes. Il nous a également dit qu’il regrettait tous ces attentats, notamment celui de « Charlotte » (et oui, ici « Charly Hebdo » s’est transformé en « Charlotte »), et que ça donnait une très mauvaise image de l’islam dans le monde. Après avoir enchainé sur des choses plus légères (mariage chez les bédouins…) on est allés se coucher à la belle étoile… sous un ciel nuageux. Dans la nuit on a ouvert l’œil et là on a été ébahis : tous les nuages étaient partis pour révéler un ciel étoilé qui illuminait les montagnes alentours ; c’était superbe. Le lever de soleil avec ses couleurs rouges était absolument magique !
Le lendemain, on est repartis pour une autre journée de balade, grimpette… On est passé à moins de 2km de la frontière avec l’Arabie Saoudite. Atayek nous a alors dit qu’il avait une carte de résidence en Arabie Saoudite, qu’il a obtenu grâce à son beau frère qui est saoudien et vit en Arabie Saoudite. Ca lui permet d’aller acheter de l’essence beaucoup moins cher. L’essence est déjà pas très chère en Jordanie (environ 0,65€/l), mais là ça dépasse tout ce qu’on avait pu voir : son gros 4*4 est équipé de 2 réservoir de 90l, soit 180 l au total. Quand il fait le plein en Jordanie, il en a pour environ 120 JOD, alors qu’en Arabie Saoudite, ça ne lui coûte que 20 JOD, soit un peu plus de 0,13 €/l…
A la fin de ces 3 jours, on est retournés chez Attayek où son épouse nous avait préparé un bon repas.
On a passé 3 journées exceptionnelles dans le Wadi Rum avec Attayek. Il était parfait, parlait très bien anglais et était disposé à tout mettre en œuvre pour satisfaire nos attentes. On le recommande vivement pour tout ceux qui voudraient aller visiter le Wadi Rum.
Et contrairement aux ¾ des touristes qui ne passent que quelques heures dans le Wadi Rum, il faut y consacrer au moins 2 jours pour pouvoir s’y enfoncer un peu plus et profiter de ce sentiment de solitude et d’isolement.
Décrire le Wadi Rum est assez difficile puisque c’est tout simplement unique. On pourrait éventuellement penser à un mélange entre le Sud Lipez en Bolivie, les parcs américains de Canyon Land, Arche, Escalante et Landmanalaugar en Islande. Si nous avions visité ce désert pendant notre tour du monde, ça aurait certainement fait partie du top 3 des plus beaux paysages.
Notre trajet dans le Wadi Rum
Et maintenant place à la raison principale d’un voyage en Jordanie… réponse dans le prochain article.
Je me lève et je confirme !
Ce désert et incroyable : y passer quelques jours est une chance.
Allé Céline, on y retourne ????