19 mars 2024
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Qui c’est le plus fort ? c’est pas le roquefort, c’est Angkor !

L’étape ultime du Cambodge pour la quasi totalité des étrangers venant faire du tourisme au Cambodge est d’aller visiter l’ancienne cité d’Angkor et ses innombrables temples au milieu de la forêt.

Cette ancienne Cité, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour environ 400 km2, s’étendrait en fait sur plus de 3.000 km2. A la grandeur de la cité d’Angkor du IXème au XVème, époque où le royaume khmer dominait une grande partie de l’Asie du Sud Est, sa population était de 750.000 personnes et la ville d’Angkor s’étendait sur plus de 1.000 km2.

Au cours des siècles, le royaume d’Angkor perdra de sa grandeur. Les raisons de ce déclin sont à ce jour encore floues, mais l’une des principales causes serait notamment les guerres incessantes avec leurs voisins Thaïs du royaume de Sukhothaï et la maîtrise de l’eau.

En effet, les khmers auraient réussi à dompter les caprices saisonniers de cette région de l’Asie du Sud Est en maitrisant la denrée la plus vitale, l’eau. Ils construisirent d’immenses bassins autour des temples pour retenir l’eau durant la saison des pluies pour ensuite la redistribuer durant la saison sèche. Mais paradoxalement l’ingéniosité des khmers qui avait fait la grandeur de l’empire serait également à l’origine de son déclin, des moussons irrégulières accompagnées de pluies torrentielles auraient détruits nombre de canalisations et circuits hydrauliques, perdant ainsi la maîtrise de son joyau le plus précieux, l’eau.

A ce jour, ces grands bassins subsistent autour des principaux temples en soulignant ainsi leur grandeur.

La cité étant tellement étendue qu’elle fut l’objet de découvertes très étalées dans le temps.

Aujourd’hui, après de nombreuses restaurations et de grandes campagnes de déminage, la grande majorité des temples pouvant se visiter est concentrée dans une zone au Nord de Siem Reap. Il existe deux principaux circuits, la « petite boucle » et la « grande boucle ». Cette Cité est incontestablement le site le plus visité du Cambodge, voire d’Asie du Sud-Est, puisqu’Angkor attire quasiment 2 millions de visiteurs par an.

Le premier jour, en fin d’après midi, nous prenons nos bicyclettes – accompagnés de nos amis les Pandas (Emma et Pascal) – pour aller au guichet d’entrée afin d’acheter nos billets pour les 3 jours à venir (mais vous avez une semaine pour l’utiliser) ; et oui, la Cité d’Angkor est tellement grande qu’elle se visite en plusieurs jours, sauf à faire une visite expresse et tout faire dans la même journée, mais ça revient à visiter toute l’Europe en 5 jours… on préfère laisser ce rythme effréné aux touristes chinois adeptes des visites éclairs.

Le billet nous donne droit à 3 jours de visites à partir du lendemain matin, mais on peut entrer sur le site dès le soir même, jusqu’à sa fermeture à 18h. On ne s’en est pas privé et on a été directement à Angkor Wat, le plus connu pour y admirer le coucher de soleil tant renommé. On n’était malheureusement pas les seuls à avoir eu cette idée puisque des milliers d’autres touristes étaient pressés devant le temple, mais quelle vue magnifique, c’était tellement grandiose qu’on a fait abstraction de tout ce monde.

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Il faut dire qu’Angkor Wat est le plus grand temple de la Cité d’Angkor et est considéré comme le plus grand édifice religieux du monde. Il est entouré d’un mur d’enceinte de 3,6km de long ainsi que de bassins monumentaux témoignant de la maîtrise de l’eau par leurs bâtisseurs. Ses grandes tours en forme de fleurs de lotus en rehaussent la silhouette et leurs pointes s’accrochant aux derniers rayons de soleil soulignent les trais fin d’une architecture remarquable.

Le lendemain matin, après un départ matinal (vers 5h) nous attaquons la petite boucle (une trentaine de km). Au bout d’une heure de vélo, nous atteignons le premier temple de la journée (Prasat Kravan), un temple quelque peu oublié des touristes car peu impressionnant compte-tenu de son état de conservation. Quelques kilomètres plus loin, nous atteignons le temple de Bantaey Kdei, un ensemble architectural assez impressionnant, car construit comme une grande pyramide composée de plusieurs terrasses. Contrairement à Bagan, en Birmanie, où quelques mois plus tôt nous nous extasions de la grandeur du site en montant sur ce genre de temple pour admirer la plaine constellée de temple, la Cité d’Angkor est construite en pleine forêt, ce qui fait qu’en montant sur un temple pyramide, nous n’apercevons que les arbres, voire le temple le plus proche, mais il n’est pas possible d’avoir une vue d’ensemble.

Un peu plus tard, nous arrivons au temple de Ta Prohm, l’un des plus photographiés de la Cité d’Angkor. Ce temple, étalé sur une superficie de 60ha est principalement connu pour les arbres qui y ont élu domicile. De gigantesques arbres, appelés « arbres fromagers » (ce nom vient du fait que leur écorce servirait pour la construction de boîte de camembert), poussent au beau milieu des murs et bâtiments, déployant leurs racines tels des tentacules de pieuvres. Certains arbres sont tellement intégrés aux constructions qu’on a l’impression que le temple a été construit autour des arbres, ce qui n’est pas du tout le cas. En effet, la végétation tellement abondante de la région, en particulier ces arbres dévastateurs, est le principal ennemi de la bonne conservation des temples. Outre l’originalité des arbres poussant à même le temple, l’architecture de Ta Prohm recèle un intérêt tout particulier tant les pièces, salles et cours s’enchaînent dans un dédale de couloirs créant un véritable labyrinthe. Si ce temple est autant photographié c’est aussi parce qu’il a servi de décor de cinéma à plusieurs films (« In the Mood for Love » de Wong Kar-waï et surtout « Tomb Raider» dans lequel Angelina Jolie interprète le rôle de Lara Croft). Les touristes se pressent partout pour être pris en photo devant tel ou tel arbre. On a d’ailleurs failli faire une overdose de touristes dans ce temple : des centaines de chinois et coréens, débarqués en bus de 50 personnes, se succédaient tour à tour pour être pris en photo devant chaque pierre. Si tout cet attroupement vaquait de manière civilisée tout irait très bien, mais ils déambulaient sans aucune gêne ou aucun respect des autres personnes, poussant tout le monde, s’interposant devant les photos, criant, crachant…. Il fallait parfois attendre plus d’une heure pour pouvoir prendre un arbre en photo sans qu’il n’y ai personne devant… on a failli péter un câble, et nous n’étions pas les seuls à avoir ce ressenti. On y est retourné un peu plus tard dans la journée où il y avait moins de monde, et là c’était agréable, on a pu admirer le temple sans devoir jouer des coudes.

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Plus loin sur la petite boucle on est allés voir un ensemble de 3 temples (Preah Palilay, Baphuon, Phimeanakas) dans le palais royal. Cette balade pédestre de quelques heures dans la forêt nous a permis de retrouver un peu de calme et de sérénité (puisqu’il faut marcher, les cars de touristes n’y vont pas). Le premier temple, assez isolé, n’était peut être pas le plus impressionnant du point de vue de la taille, de l’architecture ou de l’état de conservation, mais un des plus charmant. Son isolement au milieu de la forêt et son état de ruine en faisaient un des plus agréables à contempler et un des plus authentiques. Par ailleurs, le sol était recouvert de feuilles mortes tombées des arbres. Ce tapis jaune donnait une dimension très photogénique à l’ensemble.

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Les 2 temples suivants, toujours dans le palais royal, étaient des temples pyramides où on y accédait par des escaliers très raides, tellement pentus que l’un d’entre eux est même interdit aux enfants de moins de 12 ans. Après avoir gravi ces escaliers-échelles on a pu avoir une vue splendide sur la forêt s’étendant à perte de vue. Malheureusement on ne voyait qu’un ou deux temples car très peu dépassent la hauteur des arbres.

Le reste de la balade dans le palais royal nous a permis de parcourir des terrasses et couloirs où de très nombreuses sculptures sont insérées à même les murs.

Le temple suivant était un autre des principaux temples de la Cité, il s’agit du temple Bayon. Doté de grandes tours surmontées de têtes de Buddha géantes sculptées dans la pierre et de terrasses et coursives sur plusieurs étages, Bayon fait certainement partie des 5 plus beaux temples de la Cité.

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Après un retour à Ta Prohm pour profiter du calme et de la lumière déclinante du soleil (bien plus intéressant pour prendre des photos) nous achevons cette première journée bien remplie.

La deuxième journée, nous avions décidé d’aller voir un temple un peu plus éloigné, mais a priori très intéressant. Situé à plus de 30km, ça faisait un peu loin pour y aller en vélo ; avec Emma et Pascal, on a donc décidé de louer un Tuk-Tuk pour la journée. On a d’abord démarré par un levé de soleil sur Angkor Vat : même si le temps était couvert, le spectacle fut saisissant. La luminosité croissante dévoilait les tours, murs d’enceinte et autres terrasses pour enfin aboutir à un reflet presque parfait de l’édifice dans l’eau du bassin situé juste devant.

Ensuite nous avons pris la direction de l’objectif de la journée : Banteay Srei. Ce temple ne se démarque non pas par sa grandeur, car plus petit que la plupart des autres temples visités la veille, mais par sa minutie et son état de conservation. Entouré d’un mur d’enceinte puis de douves, cet édifice posé sur un ilot tient sa renommée par la finesse et le détail des sculptures de chaque pierre. Les portes et corniches sont toutes incisées de joyaux de décorations. Très certainement un des plus beaux temples d’Angkor en terme de décoration. Bien que situé un peu plus loin, ce temple vaut largement le déplacement en tuk-tuk. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à avoir eu de l’intérêt pour ces sculptures puisqu’André Malraux y a été pris en flagrant délit de pillage en essayant de dérober des bas reliefs. Bravo !

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Par la suite, on est allés visiter Angkor Vat, puisqu’après y avoir vu le couché et le levé de soleil il fallait bien en visiter l’intérieur. Impressionnant de l’extérieur, ce temple l’est tout autant de l’intérieur. Composé de nombreux couloirs, bassins et cours intérieures Angkor Vat est gigantesque. Du haut de sa pyramide centrale on peut se rendre compte de cette grandeur. Même si ce n’est pas par sa finesse mais par son ampleur qu’Angkor Vat se démarque des autres temples on y trouve de très belles sculptures en abondance : l’ensemble des galeries entourant les différentes cours sont recouvertes de sculptures allant du sol au plafond.

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Le dernier temple de la journée fut le temple de Phnom Bakkeng. Situé sur une petite colline, on y accède par une petite marche d’une quinzaine de minutes (suffisant pour décourager bon nombre de touristes). Ce temple pyramide en hauteur est l’un des meilleurs points de vue pour observer l’étendue de la forêt dans laquelle est située la Cité d’Angkor. On y a un très beau point de vue sur Angkor Vat.

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Le dernier jour de visites, on a attaqué la grande boucle (une quarantaine de km), toujours en vélo. On a commencé par le temple de Ta Som, très beau temple assez isolé. Le point d’intérêt principal de ce temple est la porte est du mur d’enceinte : un arbre fromager y a poussé et recouvre la porte comme si le passage avait été ouvert à même les racines de cet arbre gigantesque.

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On a ensuite continué notre route vers Preah Khan, un édifice au milieu de la forêt s’étendant sur 56ha. L’architecture y est riche, les sculptures nombreuses et, à l’image de Ta Prohm, composé d’un nombre incroyable de couloirs et galeries où de nombreux arbres fromagers étalent leurs racines au dessus des murs. Ce temple est sans doute moins connu que beaucoup d’autres mais mériterait certainement plus de reconnaissance car pour nous ce fut un des plus beaux et agréable.

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A la sortie du temple, comme devant chaque temple, de nombreux enfants vendent des cartes postales et autres souvenirs d’Angkor. Leur technique de vente est assez particulière puisqu’ils prennent une mine de chien battu pleurent à moitié en vendant leurs objets, en chouinant de longs « one dollaaaaaaarrrr ». Une petite fille est restée à côté de nous pendant un bon quart d’heure en pleurant le fameux « one dollaaaaaarrrr » toutes les 5 secondes, c’était assez perturbant. Cette technique doit certainement fonctionner sur de nombreux touristes. Il faut dire qu’on les a observés un peu et on s’est rendu compte qu’ils jouent très bien la comédie et savent prendre cet air triste : quand ils n’essayent pas de vendre ils jouent et rigolent comme tout enfant, mais dès qu’une cible s’approche, ils font volteface et commencent leur numéro. On a même discuté avec certains en leur disant « mais arrête de prendre cet air triste et plaintif », et là ils nous ont répondu « si tu m’achètes mes cartes postales «one dollar » je fais un sourire », on a quand même réussi à rigoler avec eux quasiment à chaque fois….

Loin de la grosse claque que nous avons reçue à Bagan, au Myanmar, quand on a aperçu les milliers de temples dans la même plaine, la Cité d’Angkor nous a subjugués par des claques successives tant les temples rivalisent de charmes et de majesté. Au final, nous y avons passé 3 jours, sans traîner et avec de longues journées ; et il ne faut pas moins pour profiter pleinement de chaque temple, si on ne veut pas que ça devienne une course effrénée. De plus, la chaleur écrasante dès 9h du matin rendait la progression à vélo assez éprouvante.

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6 comments

  1. même coup de foudre pour le Cambodge que celui que j ‘y’ai ressenti ! différent de la belle Birmanie mais ressenti + intense. L’Asie est fascinante n’est ce pas?
    Bisous continuez à nous combler vivement la Polynésie changement de cap

  2. Très bon reportage bien argumenté avec un excellent titre!

  3. Merci pour ce beau récit bien expliqué.
    A la lecture de votre reportage, on arrive à savoir ce que éprouvez.
    Devant toutes ces beautés vous n’avez pas peur de pédaler afin de
    faire le maximum pour tout contempler.
    Bravo et merci beaucoup.
    Claude et Michel

  4. la petite phrase sur les marches interdites aux enfants de moins de 12 ans m’a rappelé notre visite au Japon avec la découverte d’un temple en haut du plus grand escalier jamais monté et le tout en pleine forêt. J’imagine la même chose pour vous en 1000x plus grand.
    Sinon, le titre est beau en effet, mais le roquefort, lui, on ne le met pas en carte postale pour 1 dollar et même en pleurant…

  5. Wahhhhhhhh c’est trop beau. Vous suivre est toujours aussi fascinant, je ne m’en lasse pas !

  6. Avec toujours autant de retard…
    Excellent… Pas d’autre issue que d’aller bosser pour Géo à votre retour !

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